dimanche 25 décembre 2011

Joyeux Noël !

Bonjour à tout le monde!

Un petit message pour vous souhaiter à tous un joyeux Noël et vous dire qu'on pense bien fort à vous.

Pour nous cette année, Noël se passe au Chili (oui, on a du retard sur le blog...) sur la côte pacifique. Il fait beau et chaud, on s'est offert un bel hôtel avec une piscine et vue sur l'océan.

Pour que vous puissiez un peu nous imaginer, voici quelques photos bonus.

Les Chiliens fêtent Noël en famille, comme chez nous. Ce soir, c'est réveillon en amoureux au bord de la piscine et demain midi un bon restaurant de fruits de mer sur la plage!

Noël au chaud...
Sur la place du village, cet après-midi
Tout de suite, à 20h
En guise de cadeau, vous aurez prochainement droit à notre exceptionnelle aventure dans le sud de la Bolivie et du Salar d'Uyuni, plus grand désert de sel du monde...

Joyeux Noël!

Lydie et JB

dimanche 18 décembre 2011

Potosi, six feet under

Coucou,

Nous quittons Sucre pour Potosi, à 4070 m d'altitude. Cette ville, fondée en 1545, a été créée et a prospéré grâce à ses mines d'argent, mais elle s'est appauvrie à mesure que s'épuisaient les réserves de minerais. Elle a été la cité la plus grande et la plus riche d'Amérique; elle a compté jusqu'à 200 000 habitants au XVII ème siècle et 80 églises! La légende raconte qu'un berger inca parti à la recherche d'un lama égaré fit un feu au pied d'une montagne et sous ses yeux, le sol se mit à fondre faisant apparaître un liquide argenté.
On raconte que la quantité d'argent extraite du Cerro Rico ("montagne riche" en espagnol) aurait pu suffire à construire un pont d'argent entre Potosi et l'Espagne et qu'on pouvait encore en transporter beaucoup par ce même pont. La santé économique du Royaume d'Espagne dépendait totalement des cargaisons d'argent que les bateaux transportaient jusqu'à lui. Alors, quand un bateau coulait ou se faisait attaquer par des pirates, il fallait s'arranger avec les banques étrangères auprès desquelles la couronne était endettée.
El Cerro Rico
Pour augmenter la productivité, les Espagnols forçaient leurs esclaves à travailler dans la mine 4 mois d'affilée, sans voir la lumière du jour. Le travail étant très meurtrier, ils firent venir des milliers d'esclaves africains. Ceux qui n'étaient pas morts pendant le trajet mouraient rapidement en arrivant, trop fragilisés pour supporter l'altitude et le froid.
Les 35000 Boliviens descendants d'esclaves vivent aujourd'hui principalement dans les Yungas, zone de transition entre les Andes et l'Amazonie. Ils y cultivent des fruits tropicaux, mais surtout de la coca.
Au début du XIX ème siècle, les filons s'épuisèrent et la population passa à 10000 habitants. Début XXème, la demande en étain offrit un petit sursaut à la ville. Aujourd'hui, ce sont le zinc et le plomb qui sont essentiellement extraits des mines. Pour vous donner une idée de la condition des mineurs, jusqu'en 2008, la livre d'étain coûtait 19 bolivianos (1,90 euros) sur le marché mondial et le salaire mensuel moyen d'un mineur s'élevait à 3000 bolivianos (300 euros). En 2008, le prix de la livre a chuté à 7 bolivianos (70 centimes) et le salaire à 280 bolivianos (28 euros)...
Rouages pour extraire l'argent
Aujourd'hui, à Potosi, une coopérative produit 400 Kg d'argent par jour (il y a 33 coopératives). Le salaire mensuel moyen pour un mineur qui travaille 8 heures par jour 5 ou 6 jours par semaine est de 1000 bolivianos, soit une centaine d'Euros. Les mineurs extraient les roches, tirent des wagons de 1,2 tonne à 2 ou 3, les rassemblent dans des sacs à coups de pelles, tout cela dans des températures pouvant atteindre 45° au 3ème niveau, 60° aux 4ème et 5ème niveaux. C'est l'enfer. On y a passé 2 heures et on n'a pas envie d'en visiter d'autres. L'air est irrespirable, l'odeur est difficilement supportable: on respire de la poussière de silice, du gaz arsénique, des vapeurs d'acétylène et de l'amiante. On suffoque, la gorge nous pique au bout de 10 minutes, on tousse; puis on se retrouve dans un sauna. On essaie lamentablement de donner deux coups de pelle : il faut de l'entraînement pour y mettre plus de 3 cailloux. 
Mineurs à l'ouvrage
Tous les guides sont d'anciens mineurs. Le nôtre, Rolando, a travaillé 5 ans dans la mine avant que sa famille lui impose d'arrêter et l'aide à financer sa formation de guide. Il n'hésite pas à mettre la main à la pâte, ce que les mineurs doivent apprécier.
Rolando
Les mineurs pensent que le minerai qu'ils extraient des profondeurs de la terre appartient au diable. Donc, pour obtenir sa bienveillance, chaque premier vendredi du mois, ils font une offrande à sa représentation, à l'intérieur de la mine: alcool à 96° (qu'ils ingèrent eux-mêmes en grande quantité), feuilles de coca, cigarettes de coca... Et ils recommencent le dernier vendredi du mois pour le remercier de sa protection.
Le diable en personne
Les mineurs ont eu du mal à accepter la présence de touristes au début. Aujourd'hui, ils les voient d'un meilleur oeil car 15% du prix de la visite (1,50€) revient à leur coopérative et ces recettes sont consacrées à la distribution à Noël des mets de consommation de base. Et aussi parce que les visiteurs n'arrivent pas les mains vides: avant la visite de la mine, on passe par le marché des mineurs où l'on achète dynamite, boissons sucrées, feuilles de coca.
JB, avant la mine
Chaque matin, avant d'entrer dans la mine, les mineurs se regroupent pour mâcher la coca. Afin de former une boule qu'ils conserveront 3 heures dans la joue, il faut mettre en bouche 500 feuilles, une à une. La coca, déjà utilisée par les Incas, leur permet de mieux résister à la faim et à la fatigue. Il ne mangent rien pendant leur journée de travail. Ils ne peuvent pas aller aux toilettes (des émanations de méthane pourraient provoquer des explosions!). A la fin de la semaine, ils essaient de vendre ce qu'ils ont extrait au meilleur prix.
La maladie qui frappe le plus les mineurs est la silicose (les poumons sont attaqués par l'inhalation de poussière de silice). Ils en meurent généralement après 10 ou 15 ans passés dans la mine. Le mineur peut prendre sa retraite quand il ne lui reste plus que la moitié de sa capacité pulmonaire. La pension est alors de 15 $ par mois. En moyenne, une quinzaine de mineurs meurent d'accidents dans la mine chaque année.
D'ici 10 ans, le travail sous-terrain cessera, n'offrant plus de filons. L'extraction à ciel ouvert qui le remplacera fera ainsi diminuer peu à peu le Cerro Rico, jusqu'à sa disparition...

Lydie, Germinal le retour
Nous avons visité un couvent à Potosi. Les richissimes familles des soeurs offraient des chapelles d'or en guise de "dot".

Un des cloîtres du couvent
Façade de style mestizo d'une église
Le dimanche nous sommes allés, comme de nombreux habitants de Potosi, nous baigner dans des thermes d'eau chaude à proximité de la ville. Il s'agit d'un cratère dont l'eau au centre bouillonne. Il se nomme l'oeil de l'Inca.
Ojo del Inca

dimanche 11 décembre 2011

Cochabamba et Sucre

Bonjour à tous,

Nous avons quitté le beau parc de Sajama au lever du soleil, à 5h30 du matin. Après trois heures de route, nous avons retrouvé notre chère ville de Patacamaya pour y prendre un bus à destination de Cochabamba. Et là, la galère des transports recommence. Tous les bus, venant de La Paz, sont pleins. Puis, au bout d'une heure, on se rend compte qu'il leur reste des places mais qu'ils ne s'arrêtent pas malgré les signes des Boliviens et les nôtres. On apprend alors qu'il y a des barrages sur la route. Les « bloqueos » sont la façon préférée des Boliviens de manifester. C'est le leitmotiv des journaux télévisés . Ce jour-là, il s'agissait du refus de modifier des frontières régionales. Mais le problème qui soulève le plus les Boliviens depuis cet été, c'est le projet de construction d'une route qui entraînerait la migration forcée de 15000 indigènes , alors qu' Evo Morales avait promis de ne pas toucher à ces régions.
On décide donc de changer de destination et de nous rendre à Oruro, une ville « souvent dédaignée par les voyageurs » mais « très pittoresque sur le plan culturel » selon le Lonely Planet. Notre bus est finalement lui aussi « bloqué » et nous dépose dans le désert. Il est midi et, chargés de nos sacs à dos, on marche sur l'asphalte, sous un soleil brûlant. Une heure et demie plus tard, un taxi qui avait réussi à contourner les barrages, nous prend: le chauffeur et 2 passagers devant, 3 derrière, et un dans le coffre. On finit par arriver à Oruro et on comprend pourquoi cette ville est dédaignée par les touristes: elle est laide et sale. Quand on entend que les bloqueos peuvent durer encore 72 heures, on panique un peu: on ne veut pas rester coincés ici! Heureusement, on trouve un mini-van qui peut nous conduire à Cochabamba, en passant par une route secrète. La route est superbe, sur la cime des montagnes, à travers des canyons rouges, dans le lit de rios plus ou moins à sec, sur de petits ponts en planches de bois que nous préférons passer à pied.

On passe trois jours à Cochabamba, sans y faire grand chose d'autre que sortir un short et une robe du fond de nos sacs et profiter de la chaleur. On aime bien l'ambiance de sa grande place et on apprécie ses bons restaurants.


Puis, nous nous rendons à Sucre. Le maréchal Jose Antonio de Sucre a, avec Bolivar et San Martin, délivré l'Equateur, le Pérou et la Bolivie de la domination espagnole. C'est à Sucre que fut déclarée l'indépendance de la Bolivie, en 1825. C'est aujourd'hui la capitale constitutionnelle du pays. Elle est surnommée la « Ville blanche des Amériques », comme l'illustre la vue depuis les toits du Convento San Felipe Neri.

Architecture coloniale (préfecture de police)
Au marché, salade de fruits géante
 

Sur les toits du monastère
On s'est bien plu dans cette belle ville. On y est restés une semaine, on a fait du VTT dans un canyon et on a passé deux jours dans la cordillère toute proche. Dans un délicieux restaurant végétarien, prescrit comme remède par les médecins à leurs patients souffrant de troubles digestifs (90% des Boliviens auraient des problèmes de cet ordre: trop de sodas hyper sucrés et trop de piment), la photo d'un refuge en pleine montagne nous interpelle. Il appartient à la famille qui tient le restaurant. Maria, une Allemande installée là depuis 25 ans, et son fils métisse, Francesco, nous conduisent donc dans leur maison de vacances. Un paradis! On est tous seuls au milieu des montagnes. Maria nous chouchoute et Francesco nous guide à travers des paysages de toute beauté. 

Arrivée au fond du canyon  

Cordillera de Los Frailes

Le jardin de notre maison
Francesco et JB